• Sur les nudités

     

    Les "Nudités" de Maurice Joron

    Jeune, chez Madame TAVERNIER où il a enfin l'occasion de travailler avec un modèle vivant, il s'exerce à faire des nudités.

    Les dessins qui datent environ de l'époque 1910, sont des études poussées sur des poses différentes où le visage retient davantage ses efforts et son attention, ce qui montre son goût et son intérêt pour le portrait. Il apprend à bâtir son sujet en se servant des leçons d'anatomie qu'il a reçues. Il butte encore un peu sur les mains et surtout les étoffes.

    Quelque quinze ans plus tard, dans les années 30, les nus sont en vogue. Après avoir fait d'autres recherches pour répondre à la demande des marchands et des particuliers, il revient aux nudités.

    La première difficulté est de trouver un bon modèle. Il en change plusieurs fois et finit par trouver une jeune fille de 23 ans qui a pour "gabarit" le rectangle allongé. C'était ce qu'il cherchait. C'est pour lui le meilleur de l'équilibre et de l'élégance. Il s'attache maintenant à faire des tableaux bien finis, pour vendre, où le visage est peu détaillé, car c'est la chair qui prend l'importance. Il perfectionne surtout les draperies, s'achète une collection de soieries de toutes les couleurs et s'attache à faire vibrer l'opposition entre la douceur de la peau et le brillant des étoffes. Il travaille quelque temps avec une femme peintre appelée Mademoiselle CARRO qui vient dans son atelier ; il cherche alors des compositions où entre une profusion de draperies. Il se sert à la fois de velours qu'il a volontairement exposés au soleil pour les faire "passer" et de taffetas ou satins très violents afin de faire valoir le doux velouté de la chair au milieu de ces oppositions.

    Il fait un "nu" en trois jours et sa production est importante. Pour trouver des poses nouvelles il demande à son modèle de bouger et de chercher elle-même. Chaque fois qu'elle a trouvé quelque chose de nouveau, il fait un croquis rapide. Ensuite il choisit la meilleure pose en comparant les croquis qu'il multiplie. Si Maurice Joron aimait la photographie, il la pratiquait pour elle-même et ne s'en servait pas dans son travail pictural.

    Marie-Louise Joron, fille de l'artiste

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