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Sur les portraits
Sur les portraits
Le portrait a toujours été la prédilection de Maurice JORON. Cette discipline des plus nobles est aussi la plus difficile : comment représenter une personne humaine dans sa complexité ? Très jeune, Maurice JORON qui attrappe merveilleusement la ressemblance, portraitise son entourage avec l’émotion et le même respect qu'il éprouve devant la Nature.
Ses rencontres avec les maîtres de la peinture seront décisives : il admire le Titien pour la vérité avec laquelle il présente ses personnages, ses portraits sans artifice, vivants par l’expression intense du visage, complet reflet de leur vie réelle. Comme Antoine Van Dyck l'a fait avant lui, il traque ressemblance et vérité pour les fixer sur toile par le pinceau : « Quand je regarde une personne, dit-il, je dois comprendre ce qu'elle est jusqu'aux tréfonds d'elle-même. Rien qu'en contemplant son visage, j'apprends à la connaître ; là tout est inscrit ».
A Vaucresson, toute la "société" de l'époque lui commande des portraits qui ne sont pas faciles à trouver aujourd'hui, chaque famille les ayant précieusement conservés. Comme Van Dyck, il choisit pour vêtir ses modèles, ou pour ses fonds de tableaux, des étoffes somptueuses, des draperies Renaissance (ses étoffes peintes jouent ce rôle), des tentures chinoises ou des soieries variées.
Mais dans les portraits mondains qui lui sont commandés, les portraits fémininslui posent une difficulté. Au début du XXème siècle, les filles ne font pas de longues études, les femmes du monde sont donc parfois en porte à faux entre leur situation aisée et leur manque de culture. Maurice JORON n'est pas un flatteur, il perçoit cette situation fausse, anormale, et ne sait pas la cacher. Cette franchise, qu'il se reprochait parfois, nous semble aujourd'hui riche d'une finesse d'observation doublée d' une pointe d'ironie.
Cependant ses portraits de Mme TAVERNIER scandent la profonde affection filiale qu'il nourrit pour elle. La même empathie se retrouve avec les effigies des membres de sa famille avec qui il se comprend.
Parmi ses portraits les plus complets et les plus réussis, ses autoportraits : il se représente en train de peindre avec, dans le regard, l'effort et la perspicacité que lui demande son travail.
"Il ne faut pas avoir peur de faire des portraits à tous" disait Maurice Joron qui n'hésitait pas à peindre Juju, une femme de ménage, dont le balai a la dignité d'un sceptre...
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